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Messali Hadj, le père du nationalisme algérien

L’histoire de l’Algérie coloniale a retenu le nom de Messali Hadj (1898-1974) comme étant le « père du nationalisme algérien » qui a toujours milité en faveur de l’indépendance nationale.

Décédé à Paris le 3 juin 1974 à l’âge de 76 ans (il est né le 16 mai 1898), Messali fait partie de la « génération des éveilleurs », aux côtés de l’Emir Khaled, Ferhat Abbas ou cheikh Abdelhamid Ben Badis, qui ont secoué la conscience nationale pour qu’elle sorte de sa torpeur et prenne toute la mesure du danger colonialiste.

C’est en France, où il effectue son service militaire en 1918, que le jeune Messali s’initie à l’activité et à la revendication politiques. Mobilisé lors de la première guerre mondiale, à l’instar de centaines de milliers de ses compatriotes, il découvre en métropole les idées anticolonialistes et se frotte aux luttes du mouvement ouvrier.

Démobilisé avec le grade de sergent, il rentre à Tlemcen, sa ville natale où il s’adonne à plusieurs métiers tout en s’intéressant à la révolution kémaliste en Turquie et à l’action politique de l’Emir Khaled en Algérie.

En octobre 1923, à 25 ans, Messali retourne en France, plus précisément à Paris. Travaillant comme vendeur ambulant sur des marchés de la région parisienne, il entre en contact avec plusieurs organisations politiques.

Rapidement, il s’engage en politique et sera investi de plusieurs responsabilités : il adhère au parti communiste français (PCF) en 1925, rejoint l’année suivante l’étoile nord-africaine, qui apparaît alors comme une association humanitaire impulsée par le PCF, et en devient, la même année, le secrétaire général. Il avait alors 28 ans.

Le nationalisme de Messali n’a pas tardé à s’afficher au grand jour. En février 1927, au Congrès anti-impérialiste de Bruxelles, il prononce un discours retentissant où, pour la première fois, est évoquée l’indépendance de l’Algérie.

Dans son intervention, il réclame « le retrait des troupes françaises d’occupation, la constitution d’une armée nationale, le remplacement des délégations financières élues au suffrage restreint par un Parlement algérien élu au suffrage universel ».

Neuf ans après le discours de Bruxelles, Messali lance le mouvement nationaliste radical en Algérie même. Le 2 août 1936, à l’occasion de la tenue à Alger du Congrès musulman algérien, il lance : « Cette terre n’est pas à vendre ».

Relancée en 1933 après sa première interdiction en 1929, l’ENA est dissoute en janvier 1937 par le gouvernement du Front populaire. Trois mois après, Messali et ses compagnons réagissent et lancent le Parti du peuple algérien (PPA) dont le programme politique se focalise autour de la lutte pour l’indépendance.

C’est alors que commencent les grands ennuis de Messali avec la justice française. Rentré en Algérie en juin 1937, il se fit arrêter le 27 août. Quand il retrouva sa liberté deux ans plus tard (27 août 1939), c’était pour retourner rapidement en prison à cause de son refus de collaborer avec le gouvernement de Vichy.

En mars 1941, il est condamné à seize ans de travaux forcés et à vingt ans d’interdiction de séjour. Il est interné à Lambèse (Batna), assigné à résidence dans plusieurs endroits au sud algérien puis transféré, en 1945, à Brazzaville.

Depuis la prison, il approuve le Manifeste du peuple algérien rédigé par Ferhat Abbas en mars 1943 et ordonne aux militants du PPA d’investir en masse les rangs de l’Association des amis du manifeste (AML) créé une année plus tard, pour un faire un foyer des idées nationalistes.

Devenu très populaire au milieu des masses musulmanes, c’est tout naturellement que son nom a été scandé et sa libération exigée lors des manifestations du 8 mai 1945, organisée à l’initiative des AML.

Les horribles massacres qui ont suivi ces manifestations à Sétif, Guelma et Kherrata ont constitué un tournant décisif dans l’histoire du mouvement national et de la colonisation française en Algérie. Les masses ont définitivement basculé dans le camp nationaliste.

Sur le plan politique, comme le souligne l’historien Benjamin Stora, après les massacres du 8 mai, « une nouvelle génération entre en scène, notamment à l’intérieur du PPA, érigeant la lutte armée en principe politique central ».

Isolé de son parti par les longues périodes d’emprisonnement, Messali commence à être contesté au sein du comité central du PPA, devenu le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) en 1946.

Cette contestation s’est transformée en une grave crise politique ayant opposé Messali et ses partisans (les messalistes) à la majorité des membres du comité central (les centralistes), au début des années 1950.

Le président du parti est aussi de plus en plus critiqué par les jeunes militants radicaux, qui étaient impatients d’en découdre militairement avec la France coloniale.

Finalement, le père du nationalisme algérien ne sera pas à l’origine du déclenchement de la Révolution le 1er novembre 1954. Ses partisans, qui s’étaient regroupés au sein du Mouvement national algérien (MNA) à partir de décembre 1954, ont été décimés par le FLN/ALN pour avoir organisé un contre-maquis.

Malgré cette guerre fratricide, Messali a rejeté la proposition du gouvernement français qui a tenté de le faire participer aux négociations aux côtés du FLN. Depuis l’indépendance, il s’est effacé de la scène publique jusqu’à sa mort en exil.

Des milliers de personnes lui ont rendu hommage lors de son enterrement à Tlemcen, la ville dont l’aéroport porte désormais son nom.

Messali Hadj (1898-1974)

Messali Hadj (1898-1974)

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