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Émir Abd El-Kader : Il faut que le scandale arrive

Émir Abd El-Kader
Émir Abd El-Kader

Nous n’avons envoyé des prophètes qu’afin qu’ils soient obéis, avec la permission de Dieu .
Dieu nous fait savoir par ce verset qu’il n’est pas un envoyé qui n’ait été obéi de tous les hommes auprès desquels il avait été envoyé. Que ceux-ci l’aient accrédité ou renié, qu’ils aient été d’entre les égarés ou d’entre les bien-guidés, tous se soumettaient, soit à un ordre clairement exprimé, soit à une Volonté [divine] non formulée. Si Dieu, en effet, envoie Ses prophètes afin qu’ils soient obéis, on ne saurait concevoir qu’il puisse en être autrement… Chaque prophète sera de fait l’instrument par lequel les uns seront guidés et les autres égarés ; et, en définitive, il n’est envoyé que pour mettre en évidence ces deux formes d’obéissance [à une Volonté divine unique]. Dieu ne dit-Il pas [d’une façon similaire] à propos du Coran : [C’est] par lui qu’il en guide une multitude, et encore par lui qu’il en égare une multitude .
Il n’est cependant aucun prophète qui ait reçu une soumission de son peuple si claire, que tous ceux auprès desquels il avait été missionné aient été guidés sans exception, et pas un qui n’ait été désobéi au point qu’aucun membre de sa communauté n’ait été guidé. Tout prophète doit nécessairement, au cours de sa mission, rencontrer ces deux types de comportement, et ceux auxquels il a été envoyé ne peuvent que se soumettre en se conformant à l’un des deux statuts. Ainsi manifestent-ils à la fois, au sein de leur communauté, la guidance et l’égarement : celui qui est guidé obéit à un ordre apparent (zâhir), et l’égaré se soumet à un ordre sous-jacent (bâtin) ; quant au prophète, il est bel et bien envoyé pour mettre ces deux orientations en évidence, car sa mission consiste à distinguer la bonne direction de l’égarement (al-rushd min al-ghayy) . C’est dans la mesure où l’errance de l’égaré était initialement imperceptible, et qu’elle se révèle en présence du prophète, que l’on peut considérer son égarement, sous ce rapport tout au moins, comme une forme d’ « obéissance ». Car il faut que l’erreur comme la guidance soient mises en évidence par la venue du prophète, comme si ce dernier avait été envoyé expressément pour cela . Ainsi, manifester ouvertement son insoumission au prophète revient encore [en un sens] à lui obéir.
Avec la permission de Dieu (bi-idhni-Llâh) signifie en conformité avec Sa Science. En d’autres termes, la soumission témoignée au prophète de l’une de ces deux manières différentes, ainsi que la manifestation des effets (litt : traces, âthâr) propres à ces deux Noms divins Celui qui guide (al-Hâdî) et Celui qui égare (al-Mudill), ne se produisent qu’en conformité avec Sa Science et sa Volonté. Notre Seigneur – exalté soit-Il – est bien trop élevé pour qu’il se produise dans Son Royaume ce qu’Il ignorerait, ou qui contreviendrait à Sa Volonté !
Mais bi-idhni-Llâh peut également signifier : par information ou par notification de Dieu. C’est-à-dire que Dieu nous informe de ce que chaque prophète, en opérant la séparation entre l’erreur et la guidance, sera nécessairement obéi. Cette notification, qui est nécessairement conforme à Sa Science, ne peut donc être que vraie. Aussi [dans ce verset], le Lâm ne doit pas être pris dans son sens causal ou consécutif, car cela signifie que la seule obéissance envisageable [à un prophète] serait la conformité à l’ordre apparent [et clairement exprimé]. Or, cela est contraire à la
réalité.
Émir Abd El-Kader, Kitâb al-Mawâqif, Mawqif 36, traduit et annoté par A. Penot dans Le Livre des Haltes, éd. Dervy, p.141-143

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